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LE CONTEXTE RELIGIEUX EN 1687

Espérons qu'un jour, dans des papiers personnels de quelque famille labourdine ou dans le grenier d'un presbytère, on retrouvera copie de ce qui, pour nous, serait un document précieux.

Je ne mets pas en doute un seul instant l'intention de Jean Larralde de faire faire un retable dans la chapelle de la Sainte Trinité, dès le moment où il lui vint le désir de la fonder, mais je ne pense pas que le retable fut en place lors de la bénédiction de la chapelle en 1687. Peut-être même ne s'y trouvait-il pas en 1697, dix ans après.

Sur quoi se fonde cette hypothèse? Tout simplement sur la lecture attentive et comparée des textes que nous possédons et qui se trouvent retranscrits dans "Les recherches sur la ville et la Cathédrale de Bayonne " et sur la connaissance du caractère de Jean Larralde.

L'ordonnance épiscopale de Mgr Léon de Lalanne, évêque de Bayonne, qui donne acte définitif de possession de la chapelle à son fondateur, texte relativement court, en latin, entrecoupé d'un plus long texte en français, rédigé par le "notaire royal et apostolique "d'Ithurbide est du 31 octobre 1697. Le texte qui nous intéresse est la longue énumération exigée par Larralde de ses dons effectifs en argent, des créances qui doivent ultérieurement alimenter le fonds de la chapelle, de toutes ses dispositions au sujet, du prébendier, de la benoîte, de leurs émoluments, bref d'infinis détails qui vont jusqu'au sel et au vinaigre à fournir au prébendier, et aux retenues à opérer sur ses honoraires pour les jours où d'aventure, et sans être malade, il négligerait d'accomplir son devoir. Ces retenues - Larralde a tout prévu - seront converties en chandelles "pour les brûler sur le tombeau du dit fondateur.
Jean Larralde apezak,Trinitate Sainduaren itxura hautatu zuen ospatzea.
Jean Larralde, né à Hasparren "prestre bachelier en théologie, gradué nommé de l'Université de Bourdeaux ", avait été nommé par Mgr d'Olce, évêque de Bayonne, à la cure de Saint-Martin de Sare en 1678. Les difficultés occasionnées dans son ministère par un prêtre suspendu "a divinis ", la cabale permanente menée par des ouailles récalcitrantes, lui firent détourner les largesses dont il comptait faire bénéficier les Saratars vers son lieu d'origine, Hasparren. C'est dans un de ses quartiers, éloigné du bourg et de son église paroissiale, le quartier Harana, qu'il fit ériger, dans les limites d'une de ses propriétés, une chapelle publique, chapelle de la Sainte Trinité qui fut bénite en 1687 et où le fondateur fut enterré en avril 1706.
Le retable dont il la dota fait encore aujourd'hui l'ornement de son chevet et heureux sommes nous, nous qui conservons encore l'oeuvre d'un passé plus fervent.
Il serait bon, afin de mieux situer notre retable et pour mieux le comprendre, d'effectuer un bref retour en arrière dans ce passé.

CONCILE DE TRENTE

La Réforme protestante, sous les trois formes du luthéranisme, du calvinisme et de l'anglicanisme, avait, au XVI' siècle, secoué violemment le monde chrétien occidental, bouleversé les consciences et forcé l'Eglise de Rome à regarder certaines tristes réalités en face. Afin de porter remède aux abus internes, préciser des vérités oubliées ou contestées et donner un souffle nouveau à la spiritualité, elle réunit un Concile à Trente, dans l'Italie du Nord. Ce concile dura dix-huit ans, de 1545 à 1563.
Le Protestantisme refusait les dogmes. Seule comptait la Bible Ancien et Nouveau Testaments. Il récusait l'autorité du Pape, rejetait le culte de la Vierge et des Saints, chassait du temple toute image ou statue et ne gardait que peu de sacrements. En effet, Luther n'en reconnaissait que trois: le baptême, la pénitence, la communion.
Calvin, quant à lui, n'acceptait pratiquement que le baptême, la Cène (avec négation de la Présence réelle) n'étant qu'une commémoration du dernier repas du Christ avec ses disciples.
A la réforme protestante,le Concile opposa la Contre Réforme: après avoir reconnu et stigmatisé les erreurs et les abus qui s'étaient glissés au sein de l'Eglise romaine, il réaffirma la vérité des dogmes; la Présence réelle dans l'Eucharistie, l'autorité du Pape, successeur de saint Pierre, encouragea le culte de la Vierge et des Saints, réhabilita la présence de peintures et statues dans les églises et oratoires.
Les évêques, désormais astreints à résider dans leur diocèse, devaient surveiller les paroisses grâce à leurs visites pastorales, veiller au bon enseignement de la doctrine et favoriser la restauration des églises anciennes ou l'érection de nouveaux lieux de culte. Afin de mieux faire comprendre les vérités essentielles, particulièrement aux masses rurales en majorité analphabètes, la Contre-Réforme multiplia les retables, peintures et sculptures qui offraient ainsi aux fidèles un enseignement permanent.
Les historiens s'accordent pour dire que les réformes souhaitées ne prirent vraiment effet qu'environ un siècle plus tard dans l'ensemble de la communauté catholique européenne. Il ne faut donc point s'étonner de constater que les plus beaux retables, particulièrement en milieu rural, datent du XVIIe siècle. Bien sûr, on en érigera encore de beaux au XVIIIe (je pense à celui d'Ahetze et au retable central de Saint-Pée-sur-Nivelle, en Labourd).
Mais revenons au nôtre. Il date de la meilleure époque du style Louis XIV que les historiens d'art situent entre 1656-1699 et il en porte les marques évidentes.
Nous n'avons malheureusement, à ce jour, aucun document nous précisant la date exacte de confection, pas plus que les noms du menuisier et du sculpteur. Or, la commande d'une telle oeuvre était accompagnée de ce qu'on appelait un "contrat d'autel " passé devant notaire et dans lequel le bailleur de fonds précisait très exactement ce qu'il désirait. Nous connaissons Jean Larralde comme étant un homme autoritaire, méthodique, minutieux jusqu'à la manie. Il est donc absolument exclu de penser qu'il ne se trouva pas un jour par devant l'un des nombreux notaires qu'il fit travailler pour faire officiellement consigner ses volontés.
Espérons qu'un jour, dans des papiers personnels de quelque famille labourdine ou dans le grenier d'un presbytère, on retrouvera copie de ce qui, pour nous, serait un document précieux.
Je ne mets pas en doute un seul instant l'intention de Jean Larralde de faire faire un retable dans la chapelle de la Sainte Trinité, dès le moment où il lui vint le désir de la fonder, mais je ne pense pas que le retable fut en place lors de la bénédiction de la chapelle en 1687. Peut-être même ne s'y trouvait-il pas en 1697, dix ans après.
Sur quoi se fonde cette hypothèse? Tout simplement sur la lecture attentive et comparée des textes que nous possédons et qui se trouvent retranscrits dans "Les recherches sur la ville et la Cathédrale de Bayonne " et sur la connaissance du caractère de Jean Larralde.
L'ordonnance épiscopale de Mgr Léon de Lalanne, évêque de Bayonne, qui donne acte définitif de possession de la chapelle à son fondateur, texte relativement court, en latin, entrecoupé d'un plus long texte en français, rédigé par le "notaire royal et apostolique "d'Ithurbide est du 31 octobre 1697. Le texte qui nous intéresse est la longue énumération exigée par Larralde de ses dons effectifs en argent, des créances qui doivent ultérieurement alimenter le fonds de la chapelle, de toutes ses dispositions au sujet, du prébendier, de la benoîte, de leurs émoluments, bref d'infinis détails qui vont jusqu'au sel et au vinaigre à fournir au prébendier, et aux retenues à opérer sur ses honoraires pour les jours où d'aventure, et sans être malade, il négligerait d'accomplir son devoir. Ces retenues - Larralde a tout prévu - seront converties en chandelles "pour les brûler sur le tombeau du dit fondateur.

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