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Emile Lavigne

Le Centre Elgar ancienne usine Ona

EMILE LAVIGNE

 

EMILE LAVIGNE (1925-2006)

Zerbitzu Publikoen Etxean den bilkura gela hunek, ez zuen izen egokiagorik ukaiten ahal, nola hain zerbitzari haundia izan zen, Emile Lavigne jaunarena baizik. Emilek bere laneko bizi guzia, alde guzietarik etsenpluzkoa izan dena, murru hauen artean iragan du, ONA Trolliet lantegiaren baitan.
Gizon hau aipatzean, Jendeari lehenik gogorat heldu zaion hitza da, zerbitzari. Eten gabe jende laguntzen bermatu da bere bizian, kontseiluak emanez, adminiztrazio paperak betez, edo gutun bati erantzun bat emaiteko beti prest zagon. Langileak sustengatu ditu, zindikatuaren buruetan izanez, guziz, zapetaren industriak bere beherakada hasi zuenetik, 1965 urtearen ondotik. Emile Lavignek lan gabezian ziren kideak laguntzeko, eraiki zuen, “Bizi Nahi” batasuna. Bertzalde beharretan ziren jendeaz arduratzen zen karitatezko elkartetan barne izanez. Ixilik, goxoki, bere bizia bertzeri osoki idekia ereman du Emilek. Funtsez ona zen gizon hori zinez errespetatua zen ; ez zuen ez ohorerik, ez eskerrik eskatzen, jendeak hola zuen maite. Gazte denboran, Larregain Apezarekin, Hazparneko haurretaz arduratu zenetik, gero Patronaja, Zinema, Parropian, zindikatean eta bere azken ekintzak arte, lan gabezian ziren lagunen esku makil, zerbitzu egin du Herriko jendeari.

Emile Lavigne (1915 - 2006)

Pour baptiser la salle principale de réunion de la Maison de Services Publics « ELGAR », le choix s'est porté sur Emile LAVIGNE qui passa toute sa vie professionnelle dans ce lieu. Il fut surtout le soutien immuable de la classe ouvrière locale pour tous les problèmes de la vie quotidienne, œuvrant avec constance, efficacité et discrétion, au service des autres. L'homme, foncièrement bon, imposait le respect ; il était de tous les combats. Toute sa vie, il s'investira pleinement dans les organismes sociaux luttant contre la faim et l'exclusion.

Moniteur des « Cœurs Vaillants » (Mouvement chrétien de l'enfance) et de la colonie de vacances organisée par l'abbé Larregain, chez lui à Gnagnika. Il fut la cheville ouvrière de ce groupe durant les années quarante et le début des années cinquante, il encadra des dizaines de jeunes haspandars pendant les vacances estivales mais également toute l'année dans le cadre du « patro ». Emile Lavigne eut très tôt cette vocation d'éducateur pour la jeunesse. Il fut un parfait soutien pour l'abbé Larregain,

Témoignage de Marie-Hélène, fille de Emile.

C'est bientôt l'heure du repas, et le même scénario se reproduit : la sonnette retentit, papa attablé à son bureau à l'entrée de l'appartement ouvre et accueille quelqu'un.

C'était pour moi un moment où le temps restait suspendu. Si le repas était prêt nous devions attendre, nous ne devions pas faire de bruit, pas déranger par des va et vient dans le couloir, attendre que la personne reparte.
Enfant, je ne comprenais pas bien ce qui se passait. Nous entendions papa discuter avec un homme ou une femme, en basque souvent, puis celle-ci partait et la vie reprenait son cours.
Ce n'est que plus tard que j'ai fait le lien avec les œufs, les poulets, et les lapins, qui apparaissaient à la fin des entretiens comme par magie. Je trouvais ça formidable, toutes ces bonnes victuailles qui réapparaissaient à la table du dimanche.

C'est encore plus tard que j'ai remarqué les piles de formulaires de Sécurité Sociale, de Caisse de Retraite, avec des noms différents, mais toujours remplis avec l'écriture de papa. Je l'aidais à mettre tout ça sous enveloppe et c'était très amusant. Je jouais à la secrétaire.

Et puis toujours plus tard, je me suis vraiment rendu compte du travail que faisait papa dans l'ombre, sans jamais nous en parler vraiment, comme si c'était naturel, avec toute la modestie qui le caractérisait. Il était toujours disponible même si parfois il râlait quand on le dérangeait au milieu de sa soupe.
C'est alors que j'ai commencé à être fière de lui. Je pressentais que c'était ça la vraie charité chrétienne dont on nous parlait constamment, non pas des mots mais une vraie action, un vrai échange avec autrui, mettre au service de l'autre ses capacités et recevoir en retour ce que l'autre pouvait donner, sans notion ni de valeur ni d'argent.

Ensuite, j'ai grandi et j'ai pu partager avec lui ses engagements au sein de l'usine, ses prises de position, son soutien auprès des ouvriers, sa solitude aussi quand ses collègues et son patron l'ont un peu « mis au rencart » et aussi ses doutes. Je l'ai toujours soutenu pensant que la cause était juste. Mon meilleur souvenir a été le jour du 1er mai, avant que l'usine ne ferme. Une manifestation avait été organisée pour la première fois à Hasparren et nous avons cheminé à travers le village, mon frère et moi encadrant notre père, sachant que la cause était perdue, au milieu de dizaines ou de centaines d'ouvriers je ne sais plus, mais une procession pleine de dignité, une procession d'hommes debout.

On peut aussi parler de ses autres engagements, tout au long de sa vie, le cinéma, l'association des Chômeurs, la banque alimentaire. Il était parfois président, toujours mal à l'aise quand il s'agissait de se mettre en avant, de dire un discours. Il a été plus efficace dans l'ombre, comme à ses débuts, l'essentiel étant pour lui de faire et non de dire ce qu'il faisait.

Sa vie publique a néanmoins toujours été compensée par une vraie solitude, un repli sur soi. Il avait un rapport très fort avec la nature, retrouvant son équilibre lors de longues marches seul sur les routes d'Hasparren. Il nous a permis de l'accompagner moi et mes enfants, contraint et forcé, toujours en râlant un peu parce que les enfants n'allaient pas assez vite, et puis plus tard, ce fut l'inverse, nous marchions trop vite pour lui. En fait, je crois qu'on le dérangeait un peu, ce n'était pas un bavard et nous le poussions dans ses retranchements.

Mes meilleurs souvenirs sont le partage avec lui de notre passion commune qu'a été le jardinage, ces longs moments à travailler ensemble à bêcher ou éclaircir les carottes, ces longs moments de communion, la plupart du temps en silence.

Vivre dans une famille comme la nôtre a été pour moi une grande source de fierté. J'ai reçu un héritage formidable même si parfois j'ai souhaité vivre dans une famille plus « normale ». Il est à souligner que la vie de mon père n'aurait pas pu être ce qu'elle a été sans le soutien de ma mère, sans sa confiance absolue en lui.

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